Avraham B. Yehoshua, Monsieur Mani

Publié le par MU

Avraham B. Yehoshua, Monsieur Mani, Paris : Calmann-Lévy, 1992 [1990], traduit de l’hébreu par Arlette Pierrot

 

 

 

C’est une autre figure de style que nous livre ici Avraham B. Yehoshua. Habitué des jeux littéraires, l’auteur part ici d’un kibboutz du Néguev, au sud d’Israël, en 1982, puis s’en éloigne. Dans l’espace et dans le temps. Mais à l’envers. L’originalité de ce roman consiste en une histoire familiale, la famille Mani, de nos jours à ses débuts. De Roni Mani (1983 - ---) notre contemporain qui vit à Mashavei-Sadé, un kibboutz dans le Néguev, jusqu’à Eliyahu Mani (1740-1807), Yosef Mani (1776-1820) et Abraham Mani (1799-1861), les ancêtres juifs de Salonique, on suit à reculons l’histoire de cette famille. D’un Mani on passe à un Mani et encore à un autre Mani, de Grèce ottomane à la Pologne d’antan puis de la Jérusalem britannique à la Crète allemande et jusqu’en Israël. Comme dans L’incirconcis d’Israël Lichtenstein avec la famille des François Robert, on remonte le temps et la micro-histoire d’une famille juive. Mais Avraham B Yehoshua fait là dans le grand et c’est sûrement ce qui lui a valu le prix de la littérature israélienne pour ce livre à sa sortie. On voyage en effet à travers toute l’Europe et le Moyen-Orient à travers toutes les époques modernes et contemporaines. Et autre figure dans son écriture, l’auteur ne nous retranscrit qu’un monologue à chaque fois. Le livre est divisé en cinq conversations : à Mashavei-Sadé en 1982, à Iraklion en 1944, à Jérusalem en 1918, à Jelleny-Szad près de Cracovie en Pologne, puis à Athènes en 1848. Mais dans chaque conversation nous sont présentés avant tout les interlocuteurs du narrateur, leur famille et leur histoire personnelle, avant d’entrer dans le sujet… puis leurs répliques manquent, sont absentes.

Le livre est bien entendu bien écrit chez un auteur de cette trempe, le thème et les figures sont bien sûr originaux. A partir de là, on a envie d’en savoir plus. Un seul conseil : accrochez-vous ! Gros de 408 pages en grand format, rempli de personnages présents mais muets pour la beauté de l’écrit, constitué de monologues dont il faut parfois deviner le narrateur, ne pensez pas lire ce livre entre chaque page de pub, dans une réunion de famille ou en attendant que l’eau finisse de bouillir. Si vous ne pouvez pas vous concentrer, vous n’y comprendrez rien ! Le reste se lit aisément : une réflexion sur les transmissions entre père et fils, sur leurs rapports, bref une histoire de famille !

 

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D
<br /> Quelle drôle d'idée que de lire un livre pendant une page de pub ou pendant que bout l'eau du thé !! un livre est une "nourriture intellectuelle" que l'on savoure ou que l'on exècre,<br /> quelle que soit sa longueur, alors vraiment MU, pour celui qui n'a jamais lu Avraham Yoshua, la fin de vos remarques n'encourage pas à le découvrir... si ce n'était la curiosité de partir à la<br /> rencontre de sa famille :+)<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Ne vous fâchez pas mon ami, c'est plus une expression qu'une réalité. Je veux dire par là qu'il faut justement prendre son temps pour ce livre, et bien se concentrer. Ceci étant, chacun lit à sa<br /> façon. Et lire prend du temps, c'est aussi à prendre en compte. Parfois je lis pour me détendre de préoccupations, mais celles-ci occupent mon esprit et je ne parviens pas à me concentrer. Je crois<br /> que j'ai lu ce livre un peu comme ça. En est ressorti cette impression, bien entendu personne n'est obligé d'y souscrire. Si ce livre vous a plu plus qu'à moi, tant mieux, je n'ai sans doute pas<br /> assez insisté.<br /> Mais de façon générale, j'encourage à lire Yehoshua, c'est pourquoi j'ai lu plusieurs de ses livres. Mais tous ne m'ont pas plu de la même façon.<br /> <br /> Cordialement.<br /> <br /> <br />
M
<br />  il est en attente de lecture... encore 4 livres a lire avant... un auteur que j'aime bien. J'ai adoré son voyage<br /> vers l'an 1000, et bien sûr son directeur des recherches humaines. Vraiment deux très bons livres.<br /> <br /> <br />
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